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Comprendre la pousse de l’herbe, pour mieux l’utiliser

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Pour une bonne gestion des prairies, il convient de respecter les rythmes de pousse, pour utiliser au maximum et au meilleur de sa valeur l’herbe offerte.

La pousse de l’herbe est un phénomène continu, sous l’étroite dépendance de plusieurs facteurs : disponibilités en eau et en éléments minéraux, rayonnement et durée du jour, température, stade de la plante, hauteur de végétation résiduelle… Pour une bonne gestion, il convient de respecter les rythmes de pousse, pour utiliser au maximum et au meilleur de sa valeur l’herbe offerte.

La pousse au niveau d’une talle de graminée
Des feuilles naissent, grandissent et meurent en permanence. L’Inrae a défini un schéma de fonctionnement de la pousse, valable tant que la température moyenne journalière est comprise entre 0 et 20 °C, soit la majeure partie de l’année, hors périodes de grand froid et de canicule. Les quantités de chaleur reçues étant un facteur majeur de développement végétatif, l’unité degré-jour, qui exprime le cumul des températures moyennes journalières, a été définie. Par exemple, 100°Cj correspond à 10 jours à 10 °C de température moyenne, ou à 20 jours à 5 °C.
Au niveau des graminées, famille assurant le rendement d’une prairie, une feuille apparaît ainsi tous les 100 à 150 degrés-jours (°Cj). La durée de vie de ces feuilles dépend des espèces, et est d’autant plus courte que les tissus sont riches en eau. Le cycle d’un ray-grass ou d’un pâturin est ainsi plus court que celui d’un dactyle ou d’une fétuque, eux-mêmes plus courts que celui d’espèces de prairies peu productives comme le brachypode ou la fétuque rouge. La sénescence commençant à partir de 400 à 600°Cj, une talle de graminée n’a ainsi jamais plus de 3 ou 4 feuilles vivantes, quelle que soit la saison.

La pousse au niveau d’un cycle de végétation
Les cycles des pousses de l’herbe suivent toujours une même dynamique : une phase de démarrage assez lente que le couvert résiduel est ras, inférieur à 5 cm, par manque de feuilles pour assurer la photosynthèse), une phase de forte croissance, puis une phase de ralentissement, voire d’arrêt végétatif. À noter que pour chaque cycle de repousse, la phase de démarrage est d’autant plus longue (2 à 3 jours après une pâture, jusqu’à 8 jours après une coupe. À chaque cycle, à mesure du vieillissement de l’herbe, la végétation comprend une part croissante de tissus végétaux moins digestes que les feuilles vertes : les tiges, les gaines et les feuilles sénescentes; les feuilles non utilisées, mortes, sont au sol.
La durée de ces cycles de végétation varie selon les saisons. Au printemps, tous les facteurs de croissance agissant dans le même sens, la pousse de l’herbe est toujours explosive. Le rythme d’apparition des cycles est alors accéléré : les talles de graminées voient poindre de nouvelles feuilles, de durée de vie potentielle de 30 à 40 jours, toutes les semaines.
Ce rythme ralentit l’été, avec le manque d’eau ou/et les fortes températures, avant de reprendre, avec moins d’ampleur, à l’automne, et de ralentir encore, voire de s’arrêter, l’hiver. Les feuilles apparaissent alors (quand elles apparaissent) toutes les 3 à 4 semaines seulement, mais elles durent beaucoup plus longtemps (4 à 5 mois).

Exemple de perte de volume potentiel d’herbe
De nouvelles feuilles apparaissent donc régulièrement et plus ou moins rapidement selon la période, et grandissent, vieillissent puis meurent si elles ne sont pas utilisées. La sénescence peut passer inaperçue, car le couvert paraît toujours vert et poussant en surface. Les feuilles desséchées ou jaunissantes, de valeur alimentaire nulle, sont surtout visibles au moment de la pleine pousse, au pied des talles, si la végétation n’est pas exploitée assez rapidement. Optimiser l’utilisation des pâtures passe donc par la prise en compte de ces variations : d’appétence et de valeur alimentaire à mesure du vieillissement de la végétation; et de perte de potentiel de production si l’on tarde à utiliser l’herbe.
La gestion de l’herbe au printemps, période où la pousse représente la moitié, voire les deux tiers, de l’herbe disponible annuellement, est cruciale, tant pour bien valoriser ce potentiel de production, au meilleur de sa valeur (pour la pâture ou la fauche), que pour permettre des utilisations ultérieures optimales de la prairie. Exemple avec une prairie précoce (base dactyle) utilisée uniquement pour la fauche. Son départ en végétation (donc le démarrage de la production de feuilles) va commencer vers les 250°Cj. Les feuilles apparaissant tous les 100 à 150°Cj et mourant 600°Cj plus tard, si cette parcelle est fauchée tardivement, à 1300°Cj, sans avoir été déprimée ou pacagée auparavant, les trois premières feuilles produites auront disparu avant d’avoir été valorisées !

Pour information, l’an dernier les 1300°Cj ont été atteints, pour les parcelles inférieures à 400 mètres d’altitude, la dernière décade du mois de mai (et une semaine plus tard, soit début juin, pour les stations à 400 mètres). Il est donc impératif de faucher tôt, en particulier les prairies à végétation précoce, ou de pratiquer le déprimage, pour valoriser au mieux l’herbe produite. Cela permet non seulement d’avoir un foin de bonne valeur alimentaire, mais surtout de bien valoriser toute l’herbe produite. Il est aussi inutile de fertiliser des parcelles de fauche quand on les utilise tardivement ! L’azote apporté est gaspillé, parce que l’herbe dont la pousse a été forcée par cet apport est morte avant d’avoir été récoltée.

En conclusion
La difficulté d’optimiser les prairies au printemps tient aux volumes importants d’herbe disponible au même moment. Cette explosion de pousse peut être atténuée ou/et décalée (ce qui facilite sa gestion) en jouant avec des utilisations précoces, dans la mesure du possible, et en raisonnant les fertilisations. L’herbe ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. 1 à 2 tMS/ha peuvent se gagner là…

Contact : Marie Claude Mareaux Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques