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Élevage : des mesures simples pour réduire les coûts alimentaires

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Retour sur les trois journées techniques organisées par Bovins Croissance 640 en février dernier à Amou (40), Arzacq et Ordiarp (64).

En cette période inflationniste, l’optimisation du coût alimentaire constitue pour tous les éleveurs du bassin de l’Adour une piste d’économie. Des pratiques culturales (prairies riches en légumineuses, dérobées fourragères, récoltes précoces, pâturage, …) aux pratiques de troupeau (engraissement bi-phase, fibres à l’engraissement, vêlages groupés, …), de nombreux leviers, pas tous révolutionnaires, sont possibles et à étudier, avant une application éventuelle.

Optimiser la valeur de l’herbe (pâturée, récoltée ou stockée)
Les fortes variations saisonnières de la pousse de l’herbe demandent une adaptation constante aux quantités de végétation disponible. La difficulté est de gérer au mieux ces variations, en satisfaisant les besoins de son troupeau tout en préservant le potentiel de repousse.
Assurer, ou pour le moins sécuriser une valeur minimale de l’herbe, qu’elle soit pâturée ou destinée à du stock, passe par plusieurs facteurs : l’enrichissement de ses prairies par des légumineuses, l’utilisation précoce de l’herbe (déprimage ou récoltes humides), l’optimisation du préfanage / fanage de la végétation, la sécurisation de la conservation du stock ou encore le maintien des « bonnes espèces prairiales ».
Lors de la rencontre organisée par l’équipe de Bovins Croissance 640 sur l’EARL Lacabette à Arzacq-Arraziguet, Sylvain Daugène a dévoilé sa gestion autour de la mise en place de prairies longue durée avec un fort taux de légumineuses, principalement des trèfles. Ses prairies sont exploitées 3 à 5 fois par an, en les pâturant ou en les récoltant. Les fourrages ainsi produits sont intégrés dans les rations d’engraissement des femelles en finition, permettant d’accroître son autonomie en azote. 
À Ordiarp, Michel Beheregaray travaille avec des enrubannés précoces de prairies permanentes (ou de dérobées), afin d’optimiser la qualité de ses fourrages. Il a également mis en place des luzernières (exploitées en enrubannés) pour nourrir les vaches suitées, dont la lactation est ainsi assurée à bas coût.
Dans les Landes à Amou, Pierre Dufau travaille lui aussi sur la composition de ses prairies temporaires en incorporant notamment des trèfles. Il cherche à améliorer tout à la fois les valeurs protéiques de ses fourrages et la résilience de ses prairies face aux aléas climatiques.
Maximiser l’utilisation de l’herbe dans ses périodes de pousse les plus importantes (au printemps et/ou à l’automne) apparaît comme le premier levier de réduction du coût alimentaire. Cela nécessite d’être rigoureux quant au suivi de la reproduction de son troupeau, avec une faible tolérance aux décalages des chaleurs. L’objectif est de se donner 90 jours maximum pour que la vache soit de nouveau pleine.
Chez Michel Beheregaray par exemple, l’organisation en vêlages groupés permet ainsi de mettre l’accent sur une alimentation à base de fourrages disponibles et de bonne qualité (luzerne et de méteil) sur la période de reproduction durant 3 mois. La pousse printanière lui permettra d’entretenir les vaches en gestation et de fleurir les vaches pour l’engraissement.

Diversifier pour sécuriser le stock fourrager
Outre de couvrir les sols et de limiter les risques d’érosion, l’implantation d’intercultures hivernales (voire estivales, dans un souci alors de disposer de fourrages relais à une période de moindre pousse prairiale) permet de produire du fourrage à une période décalée. L’option classique du RGI, de préférence à associer à un ou plusieurs trèfles annuels, reste une valeur sûre en termes de productivité et de valeur fourragère. L’implantation, moins rare maintenant, de méteils, malgré la variabilité du fourrage récolté, s’avère intéressante, offrant du fourrage en quantité, souvent très digestible et équilibré en valeurs.
Il est alors tout à fait possible de remplacer une part, voire la totalité, du maïs ensilage de la ration, permettant dans le même temps de réduire le besoin de correction azotée.
L’EARL de Ladon met ainsi en place de nombreux méteils fourragers enrichis en légumineuses. Pour ne parler que de l’aspect zootechnique, cette gestion lui permet d’engraisser ses vaches à moindre coût. Son méteil (composé d’un mélange de triticale, de vesce et de pois récolté autour de mars/avril et analysé à 18 % de MAT en 2023) est incorporé à l’engraissement à hauteur d’un tiers de la matière sèche.
Cela lui permet de limiter sa consommation journalière de correcteur azoté à 1,5 kg au lieu de 5 kg en ration sèche. L’économie était chiffrée à 9 000 € pour son lot annuel de 20 vaches grasses.

Faire d’une pierre 2 coups ?
Dans le double objectif d’assurer l’implantation d’une prairie et un volume de première coupe, il est également possible de semer ces deux cultures (prairie et méteil ou céréale seule) au même moment, à l’automne ou au printemps. C’est d’autant plus à tenter que le semis est tardif pour une prairie. Ce semis sous couvert est aussi recommandé dans le cas de succession prairie sur prairie, pour limiter le salissement à la levée.
De même, il est possible aussi de réaliser un semis de céréales/mélange céréaliers afin de requinquer une prairie souffreteuse (ou une luzernière en place). Là aussi, avec l’objectif de limiter le salissement (période de moindre pousse hivernale dans le cas de la luzerne) et d’assurer un volume au premier cycle d’utilisation.
Certaines de ces mesures, simples, peuvent déboucher, déjà, sur une réduction de ses coûts. Elles permettent pour le moins d’augmenter la valeur fourragère et la quantité d’herbe utilisée, à coût inchangé.
D’autres leviers peuvent être plus compliqués à mettre en place. Dans tous les cas, il apparaît opportun de se rapprocher des conseillers de Bovins Croissance 640 pour en discuter et évaluer ce qui serait le plus pertinent pour chaque situation.

Engraisser ses Blondes avec de la fibre enrichie
Utiliser de la fibre enrichie en azote à l’engraissement est possible en race Blonde d’Aquitaine que ce soit sur la voie femelle (vaches grasses, repousse de génisses) ou la voie mâle (taurillons, bœufs).
En effet, l’utilisation d’ensilage, d’enrubannés et de foins où les valeurs protéiques sont élevées, permet de limiter l’utilisation aux concentrés protéiques et énergétiques sur la totalité de l’engraissement sans pour autant dégrader les performances d’engraissement.
De nombreux essais en fermes expérimentales et pratiques déjà répandues en fermes le confirment. Attention cependant à raisonner le coût de votre protéine rendue à l’auge (dérobés, prairies temporaires enrichies en légumineuses…) afin de raisonner vos choix techniques. Un accompagnement technique peut être nécessaire pour aiguiller vos choix.

Contacts : Marie Claude MAREAUX et Thomas GARENI - CHAMBRE D'AGRICULTURE 64